Sauvetages, hélicoptères, feux, mines et pilotes de parapente/deltaplane

Par Will Gadd, member HPAC/ACVL #2634, athlete Red Bull; et Introduction par Randy Parkin, HPAC/ACVL Directeur Alberta, Vice-président HPAC/ACVL

Introduction par Randy Parkin, HPAC/ACVL Directeur Alberta, Vice-président HPAC/ACVL

Vous avez peut-être lu l’article suivant ou un article similaire à propos d’un incident qui est survenu à Canmore, en Alberta, récemment…

Voici un résumé de ce que nous savons.

  • Un groupe de sept pilotes est monté à pied sur un site connu sous le nom de EEOR (East End of Rundle), tout juste à l’ouest de Canmore. Bien que ce site de décollage soit utilisé assez souvent récemment par les pilotes de parapente et les adeptes du BASE jumping, il fait partie d’un parc provincial. Le décollage ou l’atterrissage dans le parc n’est théoriquement pas permis, mais il est toléré depuis un certain temps par les autorités compétentes.
  • Pendant que le groupe se préparait à décoller, un adepte du BASE jumping s’est élancé à proximité, a connu des problèmes et a foncé sur la paroi de la montagne, selon cet article.
  • Le groupe était au courant de l’accident. Un membre d’expérience a donc fait appel à Alpine Helicopters et a été informé qu’une opération de sauvetage était en cours. Le groupe a ensuite décidé d’attendre que l’opération de sauvetage soit terminée avant de décoller.
  • Les pilotes ont observé l’hélicoptère qui est allé observer la victime, avant de s’éloigner et d’atterrir et de couper ses moteurs.
  • Jugeant que l’opération de sauvetage était terminée (il n’est pas clair si le groupe a fait une nouvelle vérification auprès d’Alpine Helicopters), un pilote qui était nouveau dans le secteur et qui avait fait ses préparatifs a décidé de décoller, sans objection des autres sur le site de décollage.
  • L’opération de sauvetage a été retardée pendant que le pilote était en vol et par crainte que d’autres décollent dans la zone active.
  • L’opération de sauvetage a connu une fin heureuse, mais les conséquences auraient pu être nettement plus graves en raison de ce retard.
  • Le pilote qui a décollé a par la suite été arrêté, accusé et doit revenir devant le tribunal pour avoir violé le règlement 16 de la loi sur les parcs provinciaux, qui restreint le décollage et l’atterrissage d’aéronefs dans nos parcs. 
  • On m’a informé que le pilote qui a décollé comprend et regrette les erreurs qu’il a commises et fait ce qu’il peut pour s’excuser auprès des parties impliquées.
  • Un groupe dont font partie Will Gadd, Brandon Hopkins (AHPA et travaillant avec Will sur le projet des parcs nationaux) et d’autres personnes tente d’atténuer les dommages causés par cet incident et mettre en place une structure claire pour nous permettre de voler dans les parcs provinciaux de l’Alberta.

Je vous invite à lire l’article ci-joint, écrit par Will Gadd, en réaction à cet incident et qu’il souhaite partager avec tous les pilotes du Canada. La passion qui se dégage de ses mots provient d’une véritable préoccupation selon laquelle cet incident met en péril le futur du vol libre près de Canmore, où il habite, et nuit aux négociations avec Parcs Canada dans le but de nous permettre de voler dans nos parcs nationaux, projet auquel Will travaille depuis 15 ans.

Certains seront peut-être inconfortables à la lecture des mots directs, parfois brusques de Will. J’espère que vous saurez aller au-delà de cet inconfort pour bien comprendre son message principal : « S’il y a ne serait-ce que l’ombre d’un doute qu’une opération de sauvetage puisse être en cours et que vous ne pouvez pas le confirmer, redescendez à pied. » Certains trouveront que ce message est trop simpliste et ne laisse pas assez d’espace à la prise de décisions des pilotes « responsables ». Mais comme j’ai été impliqué dans ce genre de situations au fil de mes années de vol et lors des compétitions à Golden, j’appuie sans réserve la simplicité de la recommandation de Will. Voici pourquoi :

  • Dans toute opération de sauvetage, il y a une part importante d’ambiguïté. Les pilotes en vol ou sur le site de décollage ne sont pas en mesure de voir ou interpréter tout ce qui se passe.
  • Plusieurs agences peuvent être impliquées dans une opération de sauvetage, et aucune n’a le portrait complet de ce qui se passe et ne peut pas affirmer que la voie est libre. Et honnêtement, pendant une situation d’urgence, ces agences n’ont pas le temps de s’occuper des spectateurs.
  • Les pilotes d’hélicoptère et autres professionnels du sauvetage qui ne connaissent pas notre sport auront tendance, par défaut, à attendre si des pilotes sont en vol, ou s’il y a une possibilité que des pilotes décollent dans leur zone de travail. À leurs yeux, nous présentons un risque imprévisible et inutile qu’il faut éviter.
  • Tout retard causé par notre interférence ne fait qu’allonger les délais d’intervention qui peuvent déjà être plus longs que ce que nous voulons dans nos régions montagneuses.
  • Pour le public, notre réputation à titre de communauté est davantage influencée par les mauvaises décisions prises dans ces circonstances que par les bonnes décisions prises par la plupart d’entre nous la plupart du temps.

Pour soutenir nos sites de vol et notre droit de voler, chacun de nous doit faire des choix responsables. Cela passe notamment par la compréhension et le respect des règlements qui s’appliquent à nos activités, dont ceux de Transports Canada, des autorités provinciales et locales. Si vous n’êtes pas au courant ou si vous avez des doutes par rapport à ces règlements, informez-vous avant de voler. Si vous êtes au courant, faites les bons choix, chaque fois, et aidez les autres pilotes à faire de même.

Vous avez peut-être le sentiment que tout ça ne vous concerne pas, car vous ne volez pas dans nos régions montagneuses. Mais vous pourriez (et devriez) venir voler ici un jour, et un incident comme celui-ci peut se produire à de nombreux sites où vous volez. Vous pensez aussi que vous ne pourriez jamais prendre une mauvaise décision comme celle qu’a prise ce pilote de Canmore. Mais nous sommes des pilotes, nous avons toujours hâte de voler. Faites-moi confiance : vous n’avez pas besoin d’être généralement « irresponsable » pour céder à la pression de voler, vous convaincre que l’opération de sauvetage est terminée, ne pas être conscient du risque que vous causez à la victime, aux professionnels en sauvetage et à vous-même.

Je vous invite à lire attentivement le message de Will : s’il y a le moindre doute pendant une opération de sauvetage, redescendez à pied.

Article de Will Gadd, member HPAC/ACVL #2634, athlete Red Bull

Le parapente est, pour bon nombre d’entre nous, la liberté ultime. Mais cette liberté vient avec des connaissances fondamentales et du bon sens quant à l’endroit où nous décollons, atterrissons et la zone où nous faisons notre vol. Récemment, quelques incidents ont prouvé que nous devons faire mieux. Veuillez participer à la diffusion de l’information suivante dans votre cercle d’amis, votre club, vos médias sociaux et partout là où elle pourra aider à prévenir les incidents.

Version courte :

Un pilote de parapente a récemment décollé pendant qu’une opération de sauvetage étant en cours dans la région immédiate pour porter secours à un adepte du BASE jumping. Une série d’événements ont mené à ce vol, et le pilote n’avait pas l’intention d’avoir une incidence négative. Cependant, ce vol a, dans le meilleur des cas, rajouté un stress inutile à de nombreux groupes de recherche et sauvetage travaillant ensemble dans une atmosphère tendue pour sauver une vie. Dans le pire des cas, un petit retard aurait pu coûter la vie à la victime. C’est par pure chance que cela ne s’est pas produit. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi un pilote décolle s’il a un moindre doute quant à la présence d’une opération de sauvetage dans la région immédiate, et les « indices » étaient évidents, et pourtant

De plus, des pilotes ont récemment atterri sur une mine de surface active, moins d’une heure avant que du dynamitage ait lieu à la mine. Comment ont-ils pu penser que cette idée était raisonnable, quand le simple fait de survoler une mine ou carrière active est illégal, sans parler du fait d’y atterrir? Aucune idée.  On ne devrait même pas devoir parler du fait qu’atterrir sur une mine où des explosifs sont utilisés sur une base régulière est idiot, et pourtant

Il y a aussi eu des problèmes liés à des pilotes qui volent près de feux de forêt. « Près de » signifie moins de 5 NM, environ 10 km, mais s’il y a un trafic important d’aéronefs qui luttent contre le feu de forêt, vous êtes trop proche si vous pouvez voir ces aéronefs. Là encore, ça devrait être clair, et pourtant

À l’avenir, il doit être absolument clair (et nous devons tous faire en sorte que cette clarté soit comprise par tous) pour tous les pilotes de parapente, de deltaplane et de tout ce qui vole que :

  1. S’il y a la moindre possibilité qu’une opération de sauvetage soit en cours à moins de 20 km de vous, sortez de cette zone et retournez atterrir. Ne décollez pas, ne tenez pas pour acquis que l’hélicoptère de sauvetage est « assez loin et que ça sera pas un problème », ou que « ils n’ont pas volé depuis un bon moment, donc c’est correct de décoller ». Ce n’est PAS correct. Quittez le ciel dès que possible, ou demeurez au sol jusqu’à ce qu’il n’y ait pas l’ombre d’un doute qu’un hélicoptère travaille à une opération de sauvetage. Si vous pouvez voir l’hélicoptère, vous êtes trop proche. Imaginez que vous êtes aux commandes de cet hélicoptère, une personne attachée sous votre aéronef que vous essayez de déposer parfaitement dans un endroit difficile. Vous n’avez PAS le temps de penser à un #$@ d’idiot en parapente dans les environs, même à 10 km de vous. Ou encore, vous aidez une équipe de recherche et sauvetage, et un parapente se présente soudainement sur votre trajectoire de vol. Vous volez à 150 km/h et vous pensez à la poudrerie, au vent, et là vous avez un parapente devant vous. Vous auriez la peur de votre vie, et il y a peu de chances que vous soyez en faveur du parapente après ça.
  2. S’il existe la moindre confusion à savoir s’il y a des activités de sauvetage en cours ou non, éloignez-vous si vous êtes en vol ou ne décollez pas. « Ça doit être correct » n’est pas une justification raisonnable pour décoller s’il y a la moindre possibilité qu’un sauvetage par hélicoptère soit en cours. S’il y a l’ombre d’un doute qu’il y a peut-être quelque chose en cours, ne participez pas au problème. Votre vol n’est pas important comparativement à sauver une vie.
  3. Il est illégal de survoler une mine, et encore plus d’y atterrir. Nous avons tous appris cela à l’école de parapente. Pourquoi sommes-nous obligés d’en parler encore? « C’est correct, ils ne font pas de dynamitage en ce moment » ne constitue PAS une approche raisonnable. Pas plus que « j’étais un peu bas, donc on a décidé d’atterrir là tous les deux. » Si vous pouvez atterrir dans cette mine, vous aviez de meilleures options.
  4. Ces deux incidents dont je viens de parler sont déjà terribles à eux seuls, mais ils nous font passer pour des idiots irresponsables auprès des équipes de recherche et sauvetage, des employés des parcs nationaux et provinciaux ainsi que du public. Je travaille avec l’ACVL et de nombreuses autres personnes depuis près de 15 ans avec Parcs Canada pour qu’on ait le droit de voler dans les parcs nationaux. Notre message a toujours été : « Les pilotes sont des personnes responsables, qui ont la sécurité à cœur, qui respectent les lois et qui sont soucieux de la sécurité du public et de l’environnement. » Ces incidents nous causent des préjudices évidents, et je vous garantis qu’ils n’aideront pas notre cause pour la suite des choses.  En fait, les deux ont une incidence directe sur la perspective du public et du gouvernement, et je ne peux honnêtement pas faire valoir le contraire. Les équipes des recherche et sauvetage d’Alberta Parks et des Parcs nationaux ont participé aux opérations lors de l’incident à EEOR.
  5. J’ai eu des conversations avec certains membres des équipes de sauvetage qui ont participé aux opérations. Ils n’en reviennent tout simplement pas qu’une personne ne comprenne pas que s’il y a une possibilité d’opération de sauvetage en cours, il faut rester au sol.  Ils ont dû battre en retraite le temps de s’assurer qu’aucun pilote n’allait traverser la zone des opérations de sauvetage. Ouais.
  6. À l’échelle locale, la légalité de voler dans les parcs provinciaux est discutable. Nous avons eu des discussions informelles avec Alberta Parks, et nous devons les poursuivre. Cette situation ne nous aidera pas là non plus.
  7. SVP, respectez le fait que les autres aéronefs en vol sont souvent pilotés par des professionnels qui mettent leur vie en jeu pour sauver une vie ou lutter contre des feux de forêt. Notre désir de voler est vraiment, vraiment moins important que leur vie.

L’erreur est humaine. Mais je vous en prie : il faut au moins que ce type de situation ne se reproduise plus et s’assurer que tous les pilotes, qu’ils soient locaux ou non, comprennent cela dans les secteurs où nous volons. Les mêmes principes s’appliquent en Europe, aux États-Unis, et partout ailleurs en fait : n’entravez pas une opération de sauvetage (et le fait de voler dans un endroit où on peut voir ces opérations constitue une entrave, point final). Restez loin des feux de forêt, et n’atterrissez pas dans une mine. Tout ça devrait relever du bon sens, et pourtant… Je n’ai PAS hâte à notre prochaine réunion avec Parcs Canada.

Information complémentaire :

Les pilotes d’hélicoptère n’aiment pas faire du vol stationnaire près du sol : ils aiment la vitesse, l’altitude et poser leur machine dès que possible après être entré en vol stationnaire. Donc si vous voyez un hélicoptère qui vole lentement, il participe probablement à une opération de recherche. Au minimum, le pilote ne sera pas très heureux de voir un parapente à proximité. Vous n’êtes pas certain de ce qu’un hélicoptère fait? Retournez atterrir ou, au minimum, éloignez-vous. Et surtout, ne décollez pas.

S’il y en a qui ont encore de la misère à comprendre le concept : un hélicoptère qui fait du vol stationnaire, qui avance lentement ou se trouve à un endroit inusité participe probablement à une opération de sauvetage. S’il vole lentement à basse altitude, il fait probablement un sauvetage. S’il y a une personne suspendue sous l’hélicoptère, vous l’aurez deviné : il participe probablement à un sauvetage. S’il y a une série de véhicules d’urgence stationnés sur la route la plus proche et qu’il y a un hélicoptère… Si l’hélicoptère atterrir sur un endroit étrange… Si l’hélicoptère survole un endroit inusité… Si vous parlez à quelqu’un qui vous dit qu’une opération de sauvetage est en cours, mais que vous décidez quand même de voler « parce que j’ai probablement une fenêtre », alors vous n’avez manifestement rien compris à la gravité de la situation. Même si un pilote n’est pas en train de faire un sauvetage, si son hélicoptère vole bas et lentement, le pilote a une charge de travail élevée. Respectez-le et donnez-lui de l’espace immédiatement.

Si vous êtes sur un site de décollage, assurez-vous de le faire savoir aux autres pilotes qui, pour une raison ou une autre, ne comprennent pas ce qui se passe. Le conflit entre le pilote de parapente et l’équipe de recherche et sauvetage ne s’est pas produit en vase clos : il y avait de multiples pilotes sur la montagne qui l’ont laissé décoller. C’est aussi un grand manque de leadership de notre communauté. Si nous voulons continuer à être autoréglementés, ça signifie que c’est à nous de nous réglementer, justement.

Dans le cas de la Bow Valley (Canmore, etc.), des protocoles plus clairs seront publiés bientôt. Mais comme strict minimum, envoyez d’abord un message texte à Alpine Helicopters au 403-493-5587 pour leur faire savoir le secteur et l’heure de votre vol. Ce numéro est leur « ligne de service », et ce sont des pilotes qui vous répondront pour vous partager de l’information. Téléphonez aussi à la réception au 403-678-4802 aux fins de redondance. Il y a BEAUCOUP de trafic dans cette vallée, particulièrement dans le corridor Ha Ling-EEOR pour le trafic normal (c’est la route prescrite pour entrer dans la vallée et en sortir) et pour les opérations de sauvetage.

La carte ci-jointe montre le point de vue d’Alpine par rapport à la Bow Valley. Merci à Alpine de nous aider à assurer la sécurité de tous.

Salutations.

WG