Avis de Sécurité août 2021

Nouvelles du Comité de Sécurité

par Kaylyn Gervais

Bonjour à tous,

Merci à tous les pilotes qui nous ont fait parvenir leurs réflexions et suggestions sur la publication récente de nouveau contenu du comité de sécurité de l’ACVL. Nous espérons que les entrevues et études de cas continueront de vous être utiles dans votre apprentissage continu et dans notre appréciation partagée de la culture de la sécurité dans l’ensemble du pays.

Tel que promis, nous souhaitons attirer votre attention sur quelques thèmes communs provenant des rapports d’accident et d’incident de 2020 recueillis par le comité de sécurité de l’ACVL. Trois éléments ressortent du lot. Vous pourriez en tenir compte lorsque vous préparez vos vols et pendant vos aventures et débriefings cette saison.

Je vais faire une pause ici et insister sur le caractère impressionnant de plusieurs des rapports qui nous ont été envoyés. De nombreux pilotes nous ont aussi transmis leurs suggestions d’améliorations potentielles (« …avoir des yeux tout le tour de la tête pour voir les autres »), les éléments d’équipement qu’ils auraient aimé avoir avec eux (une trousse de sauvetage pour les arbres ou des bottes au lieu des espadrilles) et des suggestions d’ajouts au programme pour les nouveaux élèves. Lire ces rapports, ce n’est pas une mince affaire (c’est probablement encore pire de les écrire), mais c’est définitivement inspirant de voir que les pilotes font des efforts continus pour s’améliorer.

Le thème le plus commun est vaste, mais nous remarquons plusieurs incidents (et quelques accidents graves) liés à nos approches en vue de l’atterrissage. Nous avons reçu un nombre surprenant de rapports concernant des pilotes dont les suspentes s’accrochent dans les arbres et résultant en des opérations de sauvetage, des virages d’évitement de dernière minute, des situations de tangage excessif et d’accidents. Nous avons reçu de nombreux rapports faisant état de pilotes qui ont de la difficulté à identifier la direction du vent, ce qui entraîne des atterrissages par vent arrière et les blessures qui en découlent lorsque les pilotes tentent de courir très, très vite. Certains rapports indiquent que les pilotes avaient reçu des conseils par radio de pilotes ou instructeurs déjà au sol et les avaient ignorés. De plus, il y a eu quelques accidents évités de justesse dans des zones d’atterrissage très occupées lorsque plusieurs pilotes se retrouvent en approche finale en même temps. Les pilotes admettent généralement qu’ils étaient concentrés sur leurs propres actions.

Parmi les autres préoccupations, on trouve quelques sites à flanc de montagne, le vol de pente et les phénomènes aérodynamiques qui y sont associés. Nous avons reçu plusieurs rapports qui pourraient traduire un besoin de mettre davantage l’accent sur ce qui se produit lorsqu’une aile tourne de face au vent à dos au vent. Les pilotes doivent certainement être conscients des risques associés à leurs aptitudes, connaissances et habiletés.

En terminant, nous désirons remercier les pilotes qui envoient des rapports décrivant leur expérience à l’échelle internationale. Nous pouvons très certainement en tirer des leçons. Pour les pilotes qui commencent à voyager dans d’autres pays, certaines considérations peuvent ne pas être si évidentes. Communications d’urgence, dictionnaire de voyage, aide-mémoire, monnaie locale et plans en cas de récupération, extraction et traitement d’urgence pour ne nommer que ceux-ci. Nous continuons de rappeler aux pilotes que en nous faisant parvenir leurs rapports (même s’ils semblent anodins), la communauté peut apprendre, ce qui fait de nous tous de meilleurs pilotes.

Vous trouverez ci-dessous un rapport présenté par Robert Pugsley. Il a accepté de partager son histoire et supplie les pilotes de faire attention et de demeurer en sécurité en voyage. Bien que Rob ne volait pas dans le contexte d’une sortie organisée ce jour-là, il a tout de même informé des personnes de ses plans, et c’est ce qui lui a sauvé la vie. Rob a aussi ajouté quelques leçons apprises qu’il désire partager avec les autres membres  et nous a autorisé à vous  partager l’histoire dans sa totalité Nous te remercions, Rob.

Une histoire de précaution

Robert Pugsley, P3, continue d’être un amateur enthousiaste de parapente. Établi à Fernie, en Colombie-Britannique, Rob avait l’habitude de voyager et de voler partout sur la planète.  En 2019, Rob est allé à Tenancingo (Mexique), où il a subi de graves répercussions d’un accident, ce qui a entraîné une paralysie permanente. De nos jours, on peut souvent trouver Rob dans sa camionnette, en train de récupérer les pilotes des quatre coins du sillon Sud des Rocheuses canadiennes. Il est enjoué et partage son histoire, dans l’espoir que nous, comme communauté, puissions en tirer des leçons. Il nous a offert d’être mis en contact avec toute personne qui désire discuter. Vous le trouverez sur Facebook. Oui, c’est bien lui qui a un melon d’eau sur la tête!

Comme vous pouvez l’imaginer, Rob se sentait un peu dépassé au moment d’essayer de mettre son histoire sur papier. Il a fait appel au comité de sécurité et, ensemble, nous avons réussi à raconter son histoire. Les mots qui suivent sont ceux de Rob. Nous avons remis un rapport d’accident au comité de sécurité de l’ACVL et nous le partageons ici avec sa permission.

C’était ma 10e journée de vol dans ce secteur, et j’y avais déjà passé de 10 à 15 jours neuf mois plus tôt, en février.

Mon 1er vol de la journée avait été ennuyant; la portance était trop faible pour le vol de longue distance. J’avais passé environ 30 minutes près du site de décollage et  essayé un vol de longue distance pendant environ 10 minutes. Mon 2e vol du jour s’était déroulé dans les conditions habituelles, peut-être un peu plus calmes que prévu.

Avec un autre pilote, nous avions établi un plan de vol. Nous étions entre des groupes en vacances, donc aucun autre pilote n’était dans le coin. Nous savions qu’il y avait un événement en cours au Bull Ring, et nous voulions nous donner un peu en spectacle à l’atterrissage. J’avais mon aile Ozone Swift 5 que je pilotais depuis neuf mois, notamment aux championnats nationaux canadiens de parapente. J’avais effectué environ 20 vols avec ma nouvelle sellette.

Nous avions prévu descendre en spirale au-dessus du Bull Ring, qui est le site d’atterrissage habituel pour Casa del Piloto. J’ai apporté un changement de dernière minute à mes plans, car, en raison de l’événement public, il y avait beaucoup de voitures et de gens autour du Bull Ring. Une fois plus proche, j’ai réalisé qu’il y avait trop de gens. Le site d’atterrissage de rechange est un champ près de la prison. J’avais déjà atterri à cet endroit lors de vols récents, surtout la semaine précédente. Le grand champ du centre était recouvert de broussailles, et les plantes constituaient un risque de trébucher, et je finissais toujours par emmêler mes suspentes. J’avais marché un peu le long du champ, mais je ne l’avais jamais traversé.

J’avais pris la décision de changer de site d’atterrissage avec beaucoup d’altitude à ma disposition. J’avais beaucoup de temps pendant l’approche. Il y a quelques champs côte à côte, et j’ai choisi celui qui avait la plus belle pelouse, mais beaucoup plus petit que les autres et avec peu de sorties. Il faisait environ la moitié d’un terrain de soccer. Les côtés sud et est du champ sont longés par les murs de la prison, l’extrémité ouest possède un poteau de but pour le terrain voisin et du côté nord, on trouve des lignes électriques.

Les vents étaient légers, de 0 à 5 nœuds, de l’Est (provenant du 2e mur de la prison et de l’extrémité du champ) et soufflaient vers les poteaux de but. J’avais l’intention de faire une approche en huit, ce qui me plaçait juste au-dessus des poteaux de but pendant ma préparation pour la finale. Dans le coin sud-ouest du champ, entre les poteaux de but et la prison, il y avait un arbre, plus grand que les poteaux, qui a servi d’élément déclencheur et a commencé à soulever mon aile (j’ai entendu des sons de vario positif). Je ne m’y en attendais pas, et ça a perturbé l’approche que j’avais planifiée. J’ai trouvé la situation étrange et j’ai pris des décisions encore plus à la dernière minute.

J’ai décidé de faire un autre huit, parce que j’avais peur que mes pieds n’accrochent la barre horizontale si je tournais trop tôt. J’ai dépassé les poteaux pour m’assurer que mes suspentes ne se prendraient pas et j’ai fait un virage serré à droite, j’ai levé les freins pour préparer mon arrondi, mais, à cause de l’effet de pendule, j’ai frappé fort contre un pneu de camion de 18 pouces avec les jambes étendues. En dernier recours, j’ai pensé à glisser sur les fesses, mais, mes pieds ont frappé le pneu et j’ai entendu et senti mon dos craquer. J’ai eu un impact avec le sol sans aucune perte de contrôle. Mon accident a entraîné une paraplégie permanente.

J’ai beaucoup réfléchi à cet accident. J’ai deux conseils à donner à ceux qui seraient intéressés à tirer des leçons de mon histoire :

    1. Choisissez votre point d’atterrissage et utilisez la fixation d’un objet à votre avantage. Si vous regardez constamment le même point, vous avez de meilleures chances d’atterrir à cet endroit, même si vous êtes distrait par autre chose sur le site d’atterrissage.
    2. Vérifiez toujours que vos moyens de communication sont fonctionnels. Ma radio n’a pas permis de rejoindre qui que ce soit quand je l’ai essayée, mais j’avais mon cellulaire et j’ai réussi à communiquer avec les autres pilotes par notre groupe WhatsApp.